Voilà bientôt trois mois que mon roman est paru, trois mois qu’il est dans les rayons des librairies, que certains l’achètent, le lisent, l’aiment, ne l’aiment pas, bref trois mois qu’il vit sa vie de livre, fort de deux réimpressions. D’aucuns, en haut lieu, disent que c’est un succès.
Il faut reconnaître que je ne ménage pas ma peine pour en faire la promotion. Dévouée corps et âme à mon bébé rose, j’accepte toutes les demandes d’interviews un peu sérieuses, tous les projets de documentaire, les rencontres avec les journalistes, ainsi que tous les événements possibles et imaginables qui peuvent intégrer Sex in the kitchen en leur sein, je vais même jusqu’à démarcher moi-même certaines librairies qui ne le commercialisent pas. Alors avouons-le… Je suis un peu fatiguée. Comme certains l’ont suggéré judicieusement, j’ai besoin de prendre l’air, de laisser mon « bébé » grandir par lui-même, m’échapper pour de bon…
C’est ce que je m’efforce de le faire, figurez-vous. Je me ressource (ce serait plus facile au soleil, juste un brin de soleil printanier, hein ? Non, madame Nature n’est toujours pas prête, bon, soit…) regardant vers l’avenir, imaginant de nouveaux projets… Oui, mais voilà, il semblerait que si j’y parviens à peu près consciemment, il en est tout autre de mon inconscient…
Ces trois derniers mois, j’ai fait de nombreux rêves intégrant Sex in the kitchen, qui, outre leur drôlerie (c’est à cette fin que je les partage avec vous) témoignent que mon inconscient n’est pas encore prêt à le lâcher… d’autant plus que j’ai renvoyé mes contrats signés pour Sex in the kitchen 2 à mon éditeur la semaine dernière…
Voici donc un petit florilège de mes rêves autour de Sex in the kitchen.
Rêve 1 : légèrement antérieur à la publication, et révélateur de l’angoisse de la « coquille 
En l’occurrence la coquille était énorme, puisque l’imprimeur, au lieu de la couverture convenue avec La Musardine, avait mis sur l’image de couv de Sex in the kitchen… Une photo de Loran Deutsch en pullover devant un sapin de Noel. Pire encore, le livre s’ouvrait, en effet, sur des propos de Loran Deutsch… ce n’était qu’à peu près au deux tiers de son livre que commençait le mien. En quatrième de couverture, Loran Deutsch remerciait aimablement Octavie Delvaux pour sa participation.
Mon éditeur se montrait désolé pour cette coquille mais me disait qu’au lieu de la corriger, mieux valait laisser les choses en l’état, ainsi nous bénéficierions de la notoriété de Loran Deutsch.
Rêve 2 : courant du mois de février.
Je me trouve dans un grand jardin public (non identifié, probablement pas à Paris), avec ma meilleure amie. Il fait très beau et de nombreuses personnes prennent le soleil sur les bancs et pelouses. Alors que nous nous promenons, ma copine me fait remarquer que quelqu’un lit Sex in the kitchen… Et c’est vrai. Je suis aux anges, nous poursuivons notre chemin, et voyons une seconde personne le lire, puis une troisième. Bizarrement, ce qui me procurait de la joie au début fait naître en moi une sorte de malaise, il me semble que je suis cernée… mais le pic d’angoisse se produit lorsqu’un des lecteurs concentré lève la tête du livre et que je reconnais…. mon petit frère !
Rêve 3 : mois de février
Je suis dans des studios de radio pour la promotion de Sex in the kitchen. C’est mon attaché de presse qui m’a envoyée ici. L’émission dans laquelle je dois intervenir n’est pas encore commencée, je discute avec les animateurs, ils sont vraiment sympathiques. Mais petit à petit, je me rends compte que je suis dans les locaux de…. Radio Notre-Dame, et que les organisateurs croient avoir invité un autre auteur… Je cache alors Sex in the kitchen dans ma poche ainsi que le communiqué de presse qui traîne sur leur bureau et qu’ils n’ont visiblement pas lus… Mais que faire ? Tout leur dire, quitte à ce qu’ils me virent ? Ou bien profiter de l’antenne quand même, au risque de provoquer un scandale ? Malheureusement le rêve s’achève sur ce dilemme.
Rêve 4 : mois de mars :
Je suis à une cérémonie de remise de prix littéraires érotiques, la salle est grande (un genre de palais des congrès, bref c’est tout sauf réaliste d’autant plus qu’il y a même une retransmission télé !). Je suis nominée comme « espoir féminin »… Il y a trois prix, du meilleur au moins bon.
Le premier revient à une auteure qui reçoit une petite statuette représentant vaguement une femme nue.
Le second échoie à une autre femme à qui l’on remet une écharpe bicolore d’assez bon goût…
Et ô grande joie, je suis troisième… mais je déchante en recevant mon prix : un béret rose, ridicule et trop petit, que je suis contrainte de porter pendant que les photographes nous shootent. Grand moment d’humiliation.
Rêve 5 : début avril
A force de combattre le « rangement » des rayons des Fnacs parisiennes, et notamment de la Fnac Montparnasse qui s’obstine toujours à replacer mes livres (lorsque je les déplace) pour les mettre tout au fond du magasin, au dernier étage, là où PERSONNE ne peut imaginer flâner, je constate avec horreur, lors de ma visite hebdomadaire à la librairie, qu’ils ont tronçonné les exemplaires de Sex in the kitchen et les ont répandus dans divers rayons, en guise de représailles !
….Voilà, si après toutes ses élucubrations, vous êtes encore en train de me lire, c’est que ma foi, vous devez bien aimer ma plume, ainsi que mon grain de folie, alors un conseil : continuez, je n’ai pas fini de vous distraire !